25/09/2020
Si vous allaitez, vous allez peut-être entendre parler du D.A.L (Dispositif d'Aide à l'Allaitement). De quoi s'agit-il ? Quelle est son utilité ?
Je suis aujourd’hui consultante en lactation IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant) à Paris, mais j’ai plusieurs activités professionnelles puisque je suis également coach professionnelle et formatrice d’anglais dans les entreprises.
Je suis canadienne d’origine et maman de deux adolescents. Lorsque mon premier garçon était petit, j’ai voulu l’allaiter mais je ne pouvais malheureusement pas le faire de manière exclusive, comme je l’aurais souhaité à cause d’une chirurgie de réduction mammaire 15 ans auparavant. C’est grâce au soutien de la Leche League que j’ai pu allaiter malgré tout. Toute l’aide que j’ai reçue alors m’a donné envie de me former pour accompagner à mon tour des mamans en difficulté.
J’ai obtenu mon accréditation de La Leche League France en août 2003 et commencé à animer des réunions. Sept ans plus tard, j’ai passé l’examen IBCLC et j’accompagne donc individuellement des mamans, depuis 2010, dans leur allaitement. Je suis également conférencière sur le sujet des freins restrictifs.
Si un bébé ne peut pas téter de manière efficace ou si pour une quelconque raison la production lactée apparait comme sous-stimulée, le bébé a besoin de compléments de lait.
La tentation serait de
recourir au biberon, mais cela pourrait remettre en cause la technique spécifique
de succion au sein et souvent aboutir à un
rejet du sein par le bébé.
Le D.A.L, au sein ou au doigt, permet donc de préserver ou rééduquer la technique spécifique de succion au sein et permet la mère et au bébé de bien vivre l’allaitement au sein en cumulant la tétée et les suppléments à la fois; c’est un dispositif dédié aux mamans allaitantes qui doivent donner un complément à leur bébé.
La succion au sein requiert plusieurs mouvements complexes de la langue, des joues et de la mâchoire. A l’inverse, la succion à la tétine ne nécessite pas cette coordination complexe puisqu’il suffit de serrer la tétine et de freiner le flux, avec un mouvement vers l’avant de la langue. Il est donc commun qu’après y avoir goûté, le bébé choisisse le flux sans effort et rapide d’un biberon (processus que l’on appelle la « préférence tétine ») et rejette le sein.
Lors de la tétée, la
langue du bébé, aidée des mouvements des joues, de la mâchoire et de la gorge,
doit effectuer un effet ventouse. Pour que le lait circule aisément, le mamelon
doit être amené jusqu’à la partie molle du palais, à l’arrière de la bouche.
Avec une tétine
artificielle, c’est un mouvement inverse qui s’opère : la tétine étant
très courte, la langue va peu à peu pousser vers l’avant vers la partie dure du
palais. Il s’agit de deux techniques différentes, l’une bien plus simple que
l’autre !
On parle alors de « confusion » sein-tétine, bien qu’il ne s’agisse pas de confusion mais d’une dégradation de la technique complexe nécessaire pour drainer correctement le sein, surtout après le passage des premiers jets de lait.
Quelques bébés arrivent à moduler leurs techniques de succion pour être en capacité de boire au sein et au biberon mais une grande majorité finit par bouder le sein, c’est dommage.
De plus, si le bébé apprend à pousser sa langue vers l’avant avec la tétine, l’allaitement sera beaucoup plus difficile, et même douloureux. Les bouts des mamelons seront pincés et frottés contre le palais dur, des crevasses vont apparaitre.
Enfin, téter simplement le bout de mamelon ne permet pas au bébé d’atteindre le lait gras (qui vient seulement après le passage des premiers jets faciles), et ne permet au sein d’être drainé correctement ce qui conduit à une diminution de la production lactée.
Le D.A.L au sein permet, grâce à une sonde, de compléter l’alimentation du bébé pendant la tétée, alors même qu’il tête le sein de sa mère. Le D.A.L. au sein est constitué d’un contenant et d’une sonde de nutrition : une extrémité de la sonde est placé dans un récipient, l’autre extrémité est glissée dans le coin de la bouche du bébé, avancée jusqu’au palais. Bébé tête alors les deux en même temps.
Si le bébé ne peut pas s’alimenter directement au sein, le D.A.L au doigt est une bonne alternative qui permet de préserver la technique de succion. Il consiste à proposer le lait sur son doigt, que bébé va alors téter. Ainsi, le D.A.L aux doigts doit être privilégié lorsqu’un bébé allaité est gardé par un tiers, même dans une crèche.
Cette
technique peut être utilisée jusqu’à la diversification alimentaire, lorsque
les bébés commencent à manger des aliments solides et que l’apprentissage pour
boire au gobelet débute.
Le terme D.A.L. revient au Docteur Laure Marchand Lucas au début des années 2000, mais son histoire est plus ancienne.
Le premier D.A.L., le Lact-aid, a été inventé par Jimmie Lynne Avery (1943-2009) mère de trois enfants adoptés qu’elle a pu allaiter grâce à des systèmes mis au point avec son mari dans leur garage, puis industrialisés par la suite pour aider d’autres mères dans son cas.
Plus tard, Medela a créé
un modèle avec un réservoir rigide, qui est plus pratique pour donner le DAL au
doigt.
Mais il est également possible de fabriquer son propre D.A.L. Pour ce faire vous avez besoin d’une sonde de nutrition et d’un récipient.
Pour limiter la vitesse
et l’importance du flux du lait maternel, la taille idéale de l’intérieure de la sonde,
une sonde pédiatrique, est de 5 charrières (5CH). Ce modèle ne s’achète pas en
pharmacie mais peut être commandé sur internet chez Almafil- Ameda sur mon site
web (allaitement pour tous.com).
Pour le récipient, le
mieux est de trouver une petite boite rigide (type boite de médicaments en
plastique) de petite taille, facile à nicher entre les seins. Mais un biberon
dont la tétine est élargie pour laisser passer la sonde fera aussi très bien
l’affaire.
Vous trouverez un accompagnement à la fabrication maison de votre DAL sur la vidéo suivante : https://www.youtube.com/watch?v=2fr1Tc7DHfE
Une consultation en lactation certifiée IBCLC doit suivre des formations continue pendant tout sa carrière de consultante, revalidant son diplôme toutes les 5 ans, pour faire preuve de sa formation continue.
Une consultante IBCLC a
pour mission d’accompagner les mamans, avec des conseils sur mesure et adaptés
en fonction de sa situation. Rendre l’allaitement plus serein est notre
mission.
Enfin, les IBCLC sont
tenues de respecter un code déontologique qui exclut toute collaboration ou
partenariat avec les fabricants de substituts au lait maternel, de tétines ou
de biberons.
L'équipe atouKIDS, avec Charlotte Yonge, consultante en lactation IBCLC, animatrice LLLF, Paris.
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