Mon ado est fainéant : Comment faire pour le remotiver ?

01/03/2022

Peut-être avez-vous déjà entendu : « Je le ferai plus tard… « « J’ai le temps, t’inquiète je gère « … Soyons honnêtes, tout le monde retarde parfois de faire les choses que l’on soit ado, ou pas…

Article proposé par Anne-Laure Tardé, psychopédagogue à Ecurat (17).


Qui n’a jamais évité de faire une tâche inintéressante pour laquelle on est forcément moins motivé (par ma part, c’est le ménage). Et quand on s’ennuie, on a plus de mal à se concentrer et on est plus facilement distrait (comme par exemple aller consulter son portable à chaque sonnerie de notification). Ce qui devrait prendre 5 minutes peut en prendre 20 facilement. 

Cette procrastination chez nos ado peut devenir un art de vivre… Ils évitent chroniquement les tâches difficiles et peuvent délibérément chercher des distractions. Le « je n’en ai pas envie » prend le pas sur leurs objectifs ou leurs responsabilités, les entrainant dans une spirale négative qui les décourage et sape leur volonté.

Alors, quelles raisons peuvent pousser les adolescents à devenir de grands procrastinateurs ? Est-ce seulement une paresse chronique ? Qu’est-ce qui se cache derrière ces comportements et comment peut-on y faire face ? Quelles sont les erreurs à éviter ?

Les causes de la procrastination peuvent être multiples : allant de la simple incapacité à se motiver pour accomplir des tâches désagréables, à l’anxiété de ne pas y arriver. Elle prend également racine dans une faible confiance en soi et un souci de perfectionnisme très poussé l’amenant à ne « pas faire » puisque cela ne peut pas être « parfait » 


Derrière la procrastination se cachent différentes peurs ou sentiments qui empêchent de passer à l'action.

Parmi elles :

  • la peur de l’échec, du jugement, du changement, du manque, du rejet... Le doute de soi, de ses capacités. surtout s’il y a des troubles d’apprentissage comme un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. Quand l’école est devenue plus difficile pour lui, l'enfant a relâché ses efforts pensant à tort qu’il n’était pas suffisamment intelligent. Des sentiments de honte et d’inefficacité personnelle surviennent alors, le laissant dans un désarroi complet quand son trouble n’a pas été diagnostiqué. « Je ne vais pas y arriver alors à quoi ça sert que que je le fasse »
  • La colère : « Je ferai mon travail quand je serai prêt, ce n’est pas vous qui décidez » . Même si ce n’est pas exprimé, retarder un travail ou le faire timidement est une façon pour l’adolescent de se rebeller contre l’autorité parentale et celle des enseignants. Il se souciera plus de son autonomie que de ses notes, même si à terme il s’auto-sabote purement et simplement
  • Le sentiment d’être une victime : pour le proscratinateur, ce sont les « autres » qui décident de ce qu’il « doit faire » et non lui, ce qui alimente un peu plus son ressentiment.
  • L’immaturité : se mettre au travail implique de reporter le plaisir jusqu’à la fin de la tâche et donc de supporter la frustration et l’anxiété d’apprendre de nouvelles connaissances. ..Or, certains adolescents ont du mal à tolérer la frustration : le fameux « c’est trop dur »…

A cela vous ajoutez une mauvaise gestion du temps du genre : « je suis plus productif quand je travaille sous pression » c’est-à-dire au dernier moment », « ce devoir ne va pas me prendre longtemps, je le ferai plus tard, » . Et c’est ainsi que l’on arrive à une estimation de 30 minutes pour un travail qui demanderait deux heures.


Quelles conséquences découlent de ces comportements ?

  • Une augmentation du stress quand il faut travailler dans l’urgence la veille pour remettre un devoir le lendemain
  • De moins bons résultats scolaires. La procrastination entraine l’évitement de faire certaines tâches et donc de travailler moins, ce qui à terme est préjudiciable à une bonne scolarité ...
  • Le développement de la croyance que travailler, c’est forcément désagréable.
  • L’accroissement de la culpabilité et de l’anxiété ainsi que le renforcement des peurs..
  • Un épuisement émotionnel 


Quelles sont donc les erreurs à éviter pour se libérer de la procrastination ?

Voici quelques stratégies qui peuvent aider à lutter contre ces comportements problématiques. 


1/ Ne pas reporter au lendemain ce qui peut être fait le jour même :

Non votre ado n’aura pas plus envie demain qu’aujourd’hui... (même s’ils veulent nous faire croire le contraire ou qu’ils ont envie d’y croire eux-mêmes) Par conséquent si la tâche lui paraît insurmontable, alors mieux vaut la décomposer en plusieurs petites tâches plus digestes : Si c’est pour un devoir de mathématiques par exemple, commencer par un exercice, puis deux, le lendemain…etc L’essentiel étant de commencer…

2/ Ne pas se fixer des objectifs inatteignables :

Aidez votre ado à se fixer des objectifs gérables plutôt que des attentes écrasantes. Encouragez-le et félicitez-le à chaque étape franchie qui le rapproche de plus en plus de ses buts. Evitez les critiques qui ne font que rajouter du ressentiment et une pression supplémentaire inutiles.

3/ Ne pas commencer par la tâche la plus ardue :

Débuter par une tâche qui « fait plaisir » dans laquelle on est plus à l’aise et qui parait donc « plus facile » est beaucoup plus efficace. Donc pour les devoirs, conseillez à votre ado de commencer par la matière qu’il préfère... Il se sentira plus en confiance et plus compétent pour la suite et sera plus enclin à poursuivre sur une matière plus compliquée pour lui.

4/ Ne pas rester dans le même environnement de travail :

Laissez votre ado choisir son cadre de travail : que ce soit sa chambre, la bibliothèque, ou bien encore dehors pourquoi pas… Se trouver dans un endroit calme et apaisant où l’on se sent bien participe à un meilleur état d’esprit pour se mettre au travail.

5/ Ne pas travailler dans l’urgence :

  • Aidez votre ado à mieux prioriser ses tâches et mieux gérer son temps :
  • La matrice d’Einsenhower peut aider votre ado à prioriser ses devoirs en identifiant le degré d’importance et d’urgence. Ainsi il peut clairement voir ce qu’il y a faire tout de suite et ne pas perdre de temps.

Pour les ado qui ne sont pas habitués à travailler sur une longue durée et que leur temps de concentration est réduit vous pouvez appliquer la méthode Pomodoro (minuteur) qui consiste à alterner des périodes de travail de 25 minutes suivies de 5 minutes de repos (aller prendre l’air et souffler). Vous pouvez bien entendu adapter les périodes de travail en fonction de de vos capacités et besoins. Au bout de 4 Pomodoro (soit 4 périodes de 25 minutes ou moins) vous pourrez prendre 15 à 20 minutes de pause.

6/ Vouloir à tout prix rendre la copie parfaite

Il n’y a rien de plus paralysant que se mettre la pression pour rendre un travail parfait. Complètement illusoire, il maintient votre ado dans sa procrastination Vous connaissez peut-être la phrase : « il vaut mieux que ce soit fait que par/fait » Et Il ne s’agit pas non plus de viser la médiocrité mais de trouver un juste milieu


Pour conclure

La procrastination peut se révéler particulièrement compliqué à gérer (et c’est normal) et générer un sentiment d’impuissance. Car la « procrastination rend les choses faciles difficiles et les choses difficiles plus difficiles ».

N’hésitez pas en parler et à trouver de l’aide auprès de professionnels.

Cela en vaut la chandelle, car à la clé pour votre ado c’est une meilleure tranquillité d’esprit, une meilleure confiance en lui et en ses capacités. Cela viendra renforcer son sentiment de compétence et d’efficacité personnelle qui lui permettront de réussir sa scolarité et de choisir le métier de ses rêves. 



Anne-Laure Tardé, psychopédagogue à Ecurat (17)


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