Annie Beaudichon est graphothérapeute. Elle nous parle de son métier de rééducatrice de l’écriture, de son parcours, de sa formation et de son quotidien avec les enfants et les adolescents qu’elle accompagne.
Annie Beaudichon, graphothérapeute à Colombes (92).
Bonjour Annie, parlez-nous un peu de vous : quel est votre parcours ?
Au départ, je suis titulaire d'une Maitrise en Lettres Modernes. Jeune diplômée, j'ai tout de suite commencé à travailler et j'ai obtenu un poste en ZEP dans l'Académie de Strasbourg. J'ai travaillé dans un Collège pendant deux ans, comme professeure de français.
Après cette première expérience qui m'a permis de rééquilibrer ma situation financière, j'ai obtenu le DESS de Ressources Humaines. J'ai travaillé dans l'hôtellerie, puis dans la téléphonie.
Lorsque ma fille est née, en 2004, j'ai quitté le grand groupe dans lequel je travaillais. Je me suis investie dans un projet (réussi) de création de centre de loisirs privé à Courbevoie, le centre Filapi. J'étais notamment responsable de l'organisation des activités complémentaires au centre de loisirs comme les activités maman-bébés et les activités créatives.
J'ai ensuite repris un poste de Directrice des Ressources Humaines, jusqu'à un burn-out assez violent en 2014. J'ai alors décidé de changer de vie ...
Pourquoi avoir choisi la graphothérapie pour votre reconversion ?
Mon expérience chez Filapi et mon nouveau rôle de maman m'ont permis de réaliser que travailler avec les enfants me plaisait vraiment. J'ai découvert la graphothérapie par hasard, mais étant une littéraire et adorant l'écriture, c'était un choix naturel.
Si j'avais eu plus de temps disponible et plus de moyens financiers, j'aurais aussi pu tourner vers l'orthophonie mais aujourd'hui je ne regrette absolument pas mon choix et je me sens vraiment à ma place dans cette voie.
Comment se déroule la formation de graphothérapeute ?
Il y a plusieurs écoles de formation de graphothérapie en France, qui enseignent et appliquent l'héritage des quelques grands théoriciens de l'écriture. Pour ma part, j'ai effectué ma formation à l'institut "Le Geste", en Ile-de-France.
La formation a commencé par une initiation à la graphologie, un pré-requis pour la graphothérapie. L'objectif est d'apprendre à regarder une écriture, comprendre comment elle fonctionne, analyser la qualité du trait.
Puis nous sommes rentrés dans le vif du sujet, la graphothérapie, avec l'analyse de l'écriture, la rédaction de bilans et les outils d'identification des difficultés éventuelles.
Une fois la formation validée, j'ai ouvert mon cabinet début 2016 dans les Hauts-de-Seine (92), à Colombes.
Qu'aimez-vous le plus dans votre métier ?
J'aime beaucoup de choses en fait !
Travailler avec les enfants est un vrai plaisir. Ils sont toujours surprenants, plein de ressources et ils me poussent à me remettre en question très régulièrement. Rien n'est acquis, il faut sans cesse s'adapter à des personnalités différentes et des problématiques distinctes.
Par ailleurs, c'est un métier très gratifiant. Quel plaisir de voir les résultats obtenus sur les cahiers des enfants ! Je me sens utile et c'est très valorisant.
Enfin ... je m'amuse. La rééducation de l'écriture passe beaucoup par des jeux et des activités de motricité fine, cela me permet de garder mon âme d'enfant.
Lorsque vous rencontrez un enfant pour la première fois, vous effectuez un bilan graphomoteur. De quoi s'agit-il ?
Un bilan permet de décider s'il y a besoin de rééducation ou non. Les bilans durent environ trois heures pour les enfants de sept ans et plus, et entre une heure et demi et deux heures pour les enfants en CP.
Je commence par une discussion avec l'enfant et son ou ses parent(s), sur la base d'un questionnaire que je leur ai adressé au préalable. Je veux comprendre ce que ressent l'enfant quand il écrit ; à la fois d'un point de vue physique (éventuelles douleurs) et d'un point de vue moral (est-il à l'aise avec l'écriture ?). Je regarde ses cahiers.
Puis je continue avec l'enfant seul. Nous effectuons une batterie de petits exercices courts qui me permettent d'analyser la position d'écriture (épaule, bras, poignet, main), la tenue du stylo, la vitesse d'exécution et l'écriture en elle-même.
Mon objectif est de déterminer s'il existe des blocages qui ne sont pas du ressort (au niveau de la latéralité ou du schéma corporel par exemple) et qui sont généralement traités par un psychomotricien. Mais aussi d'émettre des recommandations en termes de rééducation, si je la juge nécessaire.
Comment se déroulent les séances de rééducation ?
Une séance dure environ 45 minutes.
Elle commence par de la motricité fine, une sorte d'échauffement des doigts qui sont souvent rigides ou maladroits. Puis nous faisons des jeux avec ces mêmes doigts et enfin regardons ensemble les cahiers et les avancées de la semaine dernière. Soit je constate que des améliorations sont acquises soit nous retravaillons certains gestes. Nous rentrons ensuite dans un geste d'écriture (posture, tracé de certaines catégories, vitesse, ...) en fonction de l'avancement de la rééducation.
Le nombre de séances nécessaires est très variable ; de 8 à 25 dans mon expérience avec une moyenne autour de 12-15 séances. Tout dépend de l'enfant, ou de l'adolescent, de sa motivation et des enjeux. On travaille aussi beaucoup sur la confiance en soi, en mettant l'accent sur les progrès effectués, que l'on peut facilement suivre dans les cahiers.
Pour terminer, auriez-vous deux témoignages de familles à partager avec nous ?
"Nous vous remercions pour toute l'aide apportée à notre fils Ernest. Non seulement il écrit plus volontiers et de manière plus fluide, mais, à notre grande surprise, son rapport au travail scolaire et sa confiance en lui ont aussi positivement évolué. Avec une grande bienveillance, vous avez su le convaincre de s'investir dans cette rééducation, à son plus grand bénéfice."
"Je vous remercie infiniment ... si vous saviez à quel point je suis heureuse ! Grâce à vous, Stefane a progressé énormément, il a plus confiance. Seul regret que nous ayons attendu autant, nous aurions dû nous adresser à vous plus tôt ! Grand merci de nous tous !!!"
