14/10/2020
Je n’ai pas noté la station où cette femme africaine est montée mais ce dont je me souviens ce sont les couleurs vives de ses tresses, oranges et blanches, qui tranchaient avec la couleur sombre et brillante de sa peau. Elle me tournait le dos, cramponnée aux banquettes face à moi.
Ce n’est qu’en
l’observant plus attentivement que j’ai remarqué de part et d’autre de son
corps, deux petites chaussures de sport et au centre de son dos, la tête d’une
enfant auréolée de deux couettes tressées blondes et rouges. La petite fille
était portée selon la tradition africaine.
C’est à cet instant
que j’ai réalisé que « porter » son enfant était la mission de
toute une vie.
Je me suis rappelée
de cette mode de portage dans un foulard qui sonnait comme une injonction à
être un bon parent. Qui voulait être tendance, devait porter son enfant dans
une matière en coton naturel et apprendre toutes les options de portage (une
bonne idée de sketch !). Je trouvais cela très beau, très naturel mais le
phénomène de mode me dérangeait profondément.
J’ai toujours porté
mes bébés au bras ou dans un porte-bébé en polyester. À ce jour, je n’ai noté
aucun effet secondaire à retardement impactant la santé mentale ou physique de
mes enfants.
Tout parent sait au
fond de lui ce dont il a besoin pour lui-même et pour son enfant.
Appliquons-nous à faire ce petit pas de côté pour ne pas céder aux influences extérieures. C’est entre nous et nous, qu’il est nécessaire de maintenir une véritable communication. Posons-nous la bonne question : est-ce que cela répond à un réel besoin pour mon enfant et pour moi ?
Dès l’instant que
nous portons l’enfant en nous, nous comprenons que le mot « porter »
sera la devise inscrite sur le fronton du foyer parental.
J’ai grincé des dents en prenant conscience de l’omniprésence de ce mot dans le champ lexical du parent. J’aurai préféré un verbe, plus doux, plus poétique, plus créatif. Porter, m’évoquait le fardeau, la lourdeur mais aussi la responsabilité. En effet, nous allons, dès lors, les porter physiquement, mais aussi leur tenir la main, les soutenir émotionnellement, psychiquement, financièrement, les porter dans leurs projets, dans leurs rêves.
Heureusement
quelquefois nous les mettrons en avant pour renforcer leur estime de soi mais
aussi dans certain cas, laisser éclabousser sur nous, leurs réussites afin que
nous portions un peu de leur brillante aura.
Comprenons que pour bien porter il est essentiel que nous sachions nous porter nous-même. Autrement dit, ne pas laisser à d’autres le pouvoir de choisir et de décider pour nous et nos enfants de ce qui est convenable. En transmettant à nos enfants la capacité à ressentir ce qui est bon et juste, nous les portons sainement vers deux piliers de leur structure psychique : la confiance en soi et l’estime de soi. Ils pourront ainsi se sentir apte à agir et digne d’être.
Regardez dans le dictionnaire et vous découvrirez avec stupeur le nombre d’usages de « porter », avec pour chacun, un transfert possible vers la mission de parent. À bien y réfléchir, ce petit mot de six lettres, m’est plutôt sympathique. Il est court, simple, populaire, adapté à la compréhension de tous (il serait intéressant de faire une étude linguistique dans d’autres langues).
La mission de
parent est à l’image de ce mot : une source d’humilité, de dignité et
d’accomplissement. Le parent ne cesse de porter son enfant, qu’il soit petit ou
grand, bébé ou adolescent, jeune adulte ou quand il deviendra lui-même parent.
Dans le silence de ce chemin caillouteux, nous grandissons un peu, nous aussi.
Tant que nous en aurons la force physique et psychologique, notre rôle principal est de porter. Nous pouvons nous révolter parfois, face à cette injonction de disponibilité, d’attention qu’il nous demande, ce peu de reconnaissance que nous recevons en retour.
Mais face à cette
frustration que nous ressentons, sachons demander ce dont nous avons besoin. Si
peu de parents savent exprimer une demande claire. Ils préfèrent ruminer, se
mettre en colère de manière disproportionnée, fondre en larmes, au risque de ne
plus rien porter du tout. Laisser choir son enfant, après tous ces moments
traversés serait une capitulation sans honneur. Pour tenir le cap, la recette
est simple : communiquer nos besoins d’homme ou de femme. Même tout petit,
un enfant est capable de ressentir au son de notre de voix ce dont nous avons
besoin. Le secret est de parler avec notre cœur bien ouvert.
Je me souviens, un jour d’épuisement où manquant de sommeil, je me suis adressée avec mon cœur de maman à mon bébé pour lui demander de me laisser dormir quelques heures. Je lui expliquais que je pourrais ainsi être plus disponible et câline pour elle. Je la plaçais près de moi et nous avons fait toutes les deux une sieste miraculeusement ressourçante.
Pour conclure, rappelons-nous
que nous sommes le meilleur parent pour nos enfants et que nos enfants sont les
meilleurs experts pour nous montrer le chemin vers plus de connaissance de
nous-même. Ne laissons personne nous dire ce que nous devons faire ou ne pas
faire pour aider notre enfant à grandir. Portons-les à notre façon, unique et
singulière. Réajustons si besoin. Il y a en nous un espace où nous savons ce
qui est juste et comment agir.
Envisageons le rôle de parent dans sa toute puissante simplicité, revenons à l’essentiel, à la raison pour laquelle nous avons fait ce choix de devenir parent. De temps en temps, revenons à nos fondamentaux, isolons-nous un instant et respirons en étant touché(e) par cette magie de la vie qui circule en nous. Faisons simple !
Véronique Richard, coach Voie de l’A.C.T.E, thérapeute intuitive et créative, co-auteure du Jeu du JE et facilitatrice de transformations par le jeu. Marseille.
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